En septembre 2025, la Suède a lancé une campagne innovante baptisée The Swedish Prescription, qui positionne le pays comme la première destination au monde officiellement « prescrite » par les médecins pour améliorer la santé et le bien-être. Initiée par Visit Sweden, l’agence de promotion touristique nationale, cette initiative encourage les professionnels de santé à recommander des séjours en Suède comme thérapie complémentaire, en misant sur les vertus restauratrices de sa nature abondante, de ses traditions culturelles et de son mode de vie équilibré. Des activités comme les bains de forêt, les saunas suivis de plongeons en eau froide, les promenades à vélo ou les pauses « fika » (pause café et gâteau convivial) sont présentées comme des remèdes naturels contre le stress, l’anxiété et la fatigue. Soutenue par des études scientifiques cette campagne n’est pas seulement un coup marketing : elle s’inscrit dans un mouvement mondial plus large qui se nomme les « ordonnances vertes », où la nature devient un outil thérapeutique prescrit par les docteurs pour soigner corps et esprit. Nous vous proposons un bain dans cette mouvance pour vous permettre de revenir à sa genèse, découvrir les pays qui la pratique et depuis quand. Que nous dit concrètement la science à ce sujet ?
L’histoire des ordonnances vertes
Les ordonnances vertes, ou « green prescriptions » comme nommées dans les pays anglo-saxons, émergent d’une longue tradition thérapeutique liant l’humain à la nature. En Europe dès l’Antiquité, Hippocrate (460-370 av. J.-C.) recommandait des changements d’environnement, comme des bains thermaux ou des promenades, pour traiter les maladies.
Au XIXe siècle, les médecins prescrivaient des séjours en sanatorium pour soigner la tuberculose dont le traitement résidait dans la cure d’air, de lumière et de soleil, ces lieux étant situés en montagne et/ou entourés d’espèces conifères réputées pour leurs propriétés favorisant la guérison des respiratoires et pulmonaires.
Au XXe siècle, le Japon formalise le concept avec le *shinrin-yoku* (« bain de forêt »), promu dès 1982 comme thérapie nationale contre le stress urbain, après des études montrant ses effets sur la réduction du cortisol et de la pression artérielle.
Le terme « green prescription » apparaît en 1997 en Nouvelle-Zélande, où il désigne initialement une ordonnance écrite pour des changements de mode de vie, principalement l’activité physique en extérieur. Depuis les années 2010, il évolue pour inclure une exposition plus large à la nature, comme des thérapies horticoles (intégration d’activités d’horticulture ou de jardinage dans un processus de soin) ou des immersions forestières.
En 2006, le chercheur néerlandais Peter Groenewegen popularise l’idée de « vitamine G » (pour « green ») pour décrire les bienfaits des espaces verts.
Des programmes pilotes essaiment un peu partout dans le monde passant d’une approche curative à préventive, pour contrer la sédentarité et les maladies chroniques liées à l’urbanisation.
Les pays qui adressent aujourd’hui des ordonnances vertes et les pathologies ciblées
Plusieurs pays ont intégré les ordonnances vertes dans leurs systèmes de santé, souvent via des partenariats entre services médicaux et organismes environnementaux. Voici un aperçu des principaux acteurs :
- Nouvelle-Zélande
- Japon avec le shinrin-yoku (depuis 1982) et 62 bases de thérapie forestière nationales.
- Royaume-Uni
- Canada
- États-Unis
- Australie
- Allemagne
- Corée du Sud
Les programmes déployés ciblent principalement des pathologies chroniques non transmissibles (NCD), comme le diabète, l’hypertension et les troubles mentaux (anxiété, dépression).
Ce que nous dit la documentation scientifique
La littérature scientifique sur les ordonnances vertes est en pleine expansion et ce de façon plus marquée depuis les années 2020 confirmant leurs bénéfices. Une méta-analyse de 2023 dans The Lancet Planetary Health (sur 91 études) montre des effets positifs sur la santé cardiométabolique (réduction de la tension artérielle) et la santé mentale (diminution de l’anxiété et de la dépression)
Une autre revue « Environmental Research » (2023) dans une publication rapporte des améliorations significatives en santé psychologique, santé cardiométabolique et inflammation.
Cependant, les chercheurs appellent à plus d’essais randomisés contrôlés à grande échelle. Ces nouvelles études pourront également mettre en évidence les avantages de telles cures comparées aux traitements chimiques ou du moins la complémentarité de ce type de soins pour réduire la prescription médicamenteuse.
Car par leur approche holistique les ordonnances vertes diffèrent du médicament qui lui, isole le symptôme et dans de nombreux cas provoquent des effets secondaires indésirables souvent gérés eux aussi par la prescription d’un traitement médicamenteux …
Plus de campagnes pour la campagne ?
Les ordonnances vertes, désormais illustrées et fortement mises en lumière par la campagne suédoise The Swedish Prescription, représentent un tournant vers une médecine intégrative où la nature guérit sans nuire à la planète. Historiquement ancrées, pratiquées dans une dizaine de pays pour des pathologies chroniques, et soutenues par une évidence scientifique croissante, elles surpassent les traitements chimiques en termes de durabilité et de bienfaits holistiques. Pour maximiser leur impact, il faut plus de recherches et d’accès équitable. Comme le dit l’OMS, la nature est « notre plus grande source de santé et de bien-être » – il est temps de la prescrire généreusement.

Sources :
https://visitsweden.com/wt/document-proxy/215/?source=The+Swedish+Prescription
https://visitsweden.com/the-swedish-prescription/
https://www.bbc.com/travel/article/20251003-sweden-the-country-prescribed-by-doctors
https://iahip.org/Green-prescriptions-The-secret-therapy-of-trees
https://www.weforum.org/stories/2022/02/green-prescriptions-health-wellbeing/
https://info.health.nz/services-support/support-services/green-prescriptions
https://www.souladvisor.com/your-sanctuary/article/the-power-of-a-green-prescription
https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/piis2542-5196%2823%2900025-6/fulltext

