Le sujet qui nous anime ici, a sa place dans trois pièces de la maison Sésame : Économique, Communautaire et agricole.

En effet car, un supermarché coopératif se définit par les aspects suivants : la distribution de denrées alimentaires à des prix inférieurs comparés à ceux du circuit conventionnel, le tout permis part l’engagement de bénévoles. Même si « Il n’existe pas de définition formelle du supermarché coopératif » comme l’affirme Jill Madelenat, directrice des études de la Fabrique écologique (think-thank spécialisé), voici tout de même les termes par lesquels nous pouvons le définir.

Un peu d'Histoire et de culture générale

Et ce concept est déjà bien ancien car les premières coopératives de consommateurs sont nées au 19ième siècle guidées par les mouvements ouvriers voulant apporter une offre alimentaire de qualité bon marché. Ce contrepoids dans la balance face au négoce dit capitalistique s’est alors épanoui représentant 7000 magasins Coop en France en 1976. Mais que s’est-il-passé pour que nous ne soyons plus qu’à moins de 70 supermarchés aujourd’hui en France ? Et bien en 1985 la distribution va se voir gratifiée d’un foncier peu cher et pouvoir s’installer aisément autour des villes dans le cadre des lois de décentralisation. On comprend mieux pourquoi le plateau de la distribution conventionnelle a pu toucher terre (au propre comme au figurée) du plateau de sa balance et faire virer comme une voile en pleine régate les vents à son avantage.

Il faudra attendre la fin des années 2010 pour voir la réapparition des magasins coopératifs de façon plus nette dans notre paysage et la plus médiatisée d’entre elle à ce jour : La Louve.

Pour demeurer dans l’imaginaire maritime qui illustre nos propos ; La Louve c’est un peu le phare de l’alternative et remet de la clarté dans l’horizon du consommateur.

 

 

Mais qui est La Louve et comment fonctionne-t-elle?

« Nous n’étions pas satisfaits de l’offre alimentaire qui nous était proposée, alors nous avons décidé de créer notre propre supermarché. »

Site Internet La Louve

Son magasin existe depuis 7 ans désormais. Sur une surface de 1450m2 au cœur du 18ième arrondissement à Paris. Elle compte 4000 membres à la fois coopérateurs et bénévoles travaillant 3h/mois chacun au sein du magasin.

À l’initiative, au départ, au tout début, en 2011, il y a deux américains : Tom Booth et Brian Horihan, (l’un œnologue, l’autre exploitant d’une ferme BIO)  souhaitent créer un magasin qui s’inspire du modèle New-Yorkais : The Park Slope Food Coop à Brooklyn et qui lui existe depuis 1973 en affichant un des meilleurs taux de rentabilité au mètre carré aux USA ! Démocratique, vertueux et rentable !

À l’automne 2016 ils ouvrent à nouveau les portes d’un supermarché coopératif à l’échelle européenne.

Les deux acolytes et la meute tiennent le même cap que leur modèle américain.

De façon factuelle aussi, les économies vont de 20 à 40% par rapport à un supermarché traditionnel avec une offre mêlant produits locaux, de grandes marques et/ou BIO.

 

Mieux se nourrir, plus s’impliquer.

Selon les propos de Tom Booth l’un des cofondateurs, ce mode de fonctionnement qui allie pragmatisme et goût des bonnes choses de la culture culinaire nous ramène au recouvrement de notre souveraineté alimentaire. C’est l’esprit de coopération et non de compétition qui permet cela.

Ce qui est très positif par la présence renouvelée du système coopératif c’est que le marqueur idéologique demeure et se concrétise.

Économiquement il est viable. Rentabilité, chiffre, il crée de la valeur et de la ressource.

Socialement et pour la communauté il permet d’accéder à de nouveaux modes de gouvernance, car il ne faut pas oublier que le.a dirigeant.e demeure tout en étant élu.e par les membres. Cela évite l’écueil du leader despote, et remet l’empathie et l’intelligence émotionnelle dans le processus.

Enfin pour l’agriculture et la production alimentaire c’est un outil facilitant de mise en application de circuit court.

 

Pour aller plus loin si vous le désirez et mieux appréhender ce thème nous vous recommandons la thèse : « Le travail du consommateur pour la mise en place d’une alternative – cas du supermarché coopérative La Louve- de Hajar El Karmouni à retrouver sur notre page section économie dans nos « ressources inspirantes ».

Vous trouverez ci-dessous le manifeste de La Louve ainsi que les ressources bibliographiques ayant entre autre permis la rédaction de cet article. Et pour ceux cherchant un magasin coopératif pas loin de chez eux voici le lien que nous vous proposons.

Manifeste de La Louve

Manifeste de la Louve

« Nous voulons créer dans le nord de Paris un lieu qui reflète nos idéaux en matière d’alimentation, d’agriculture et de commerce pour y faire nos courses.

Nous voulons pouvoir acheter des produits issus d’une agriculture pérenne, respectueuse des sols, de l’eau et du vivant.

Nous voulons que les personnes qui cultivent et transforment nos aliments soient rémunérées correctement et travaillent dans des conditions dignes.

Nous voulons vendre à prix bas, afin de permettre l’accès à des produits de qualité.

Nous voulons que notre supermarché soit à but non lucratif : ni actionnaires ni course au profit.

Nous voulons que notre coopérative soit un lieu d’échange et de partage. »

 

Yasmina

Écrit par Yasmina

Fondatrice du projet Sésame, convaincue qu'un monde plus durable se construit à plusieurs.

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